L'action de reboisement en Islande
Pourquoi un programme de reforestation en Islande ?Celles et ceux qui ont eu la chance de se rendre en Islande et de parcourir le pays ont pu constater que la nature est très peu couverte par des forêts.
Bien sûr, une grande partie du pays est désertique, constituée de grands glaciers et de terrains volcaniques peu propices au développement de la végétation.
Le reste du pays est surtout couvert de prairies, parcourues par quelques moutons, qui semblent perdus dans les immenses étendues de la campagne islandaise.
Le paysage islandais n'est pas entièrement naturel...
On pourrait penser que le climat du pays n’a pas permis aux forêts de se développer : trop au nord, trop froid, trop de vent… En fait l’Islande a subi une sorte de catastrophe écologique, il y a plus de 1000 ans, quand les premiers colons vikings ont investi le territoire. Mais aujourd’hui, espoir : les islandais veulent retrouver leurs forêts !
Histoire rapide des forêts d'Islande
Le début de la colonisation continue de l’Islande par les vikings (et les autres populations emmenées de force) est datée vers 875. En 930 le peuplement est significatif et les islandais créent un premier parlement (peut être le premier du monde occidental), l’Althing, qui se réunit tous les trois ans au mois de juin à Thingvellir.
Quand les premiers colons arrivent en Islande, le paysage est sensiblement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Selon les études menées par l’IFS (l’institut des forêts Islandais) 25 à 40% du territoire était alors recouvert de forêts primitives, même si les arbres étaient plutôt de petite taille ou de simples arbustes. Les arbres ne dépassaient pas 15 mètres du fait de la rigueur du climat. Trois espèces principales constituaient les forêts : le bouleau pubescent, le sorbier et, dans une moindre mesure, le tremble. Les peuplements forestiers étaient concentrés dans les plaines et fonds de vallées.
Les colons ont consommé la matière première bois pendant des décennies, coupé les arbres pour donner de l’espace aux cultures, épuisant ainsi les forêts. Ils ont également développé le pâturage extensif par les troupeaux de moutons en liberté, qui n’ont laissé aucune chance aux jeunes pousses d’arbres pour régénérer les forêts, dessinant les paysages plutôt désertiques de l’Islande que nous connaissons aujourd’hui.
Un paysage sans arbres façonné par l'homme
Le paysage Islandais d'aujourd’hui n’est donc pas complètement naturel, contrairement à ce que pourrait laisser croire la faible densité humaine de l’ile (Moins de 4 habitants aux km2, plus de 100 fois plus faible qu’en France par exemple).
Ce paysage est la conséquence de l’action de l’homme sur le territoire, action qui ne s’est pas préoccupée de la préservation des arbres et du patrimoine naturel.
L'Islande reboise son territoire depuis 1950
Il faut attendre la fin du 19ème siècle pour que l’Islande prenne conscience du problème économique lié au manque de ressources forestières. En 1908 l’ISF est créé. L’organisme est doté de ressources pour l’acquisition de terrains propices à la reforestation. Des expériences sont conduites entre 1950 et 1990 sur les moyens de reboiser, avec la recherche des espèces les plus appropriées.
De 1960 à 1963 1,5 millions d’arbres sont plantés annuellement, principalement des pins et les mélèzes.
Le retour d’expérience aidant, l’Islande accroit à partir de 1990 ses efforts de reboisement, avec plus de 5 millions de plants chaque année, dont une part importante réalisée avec des espèces primitives, comme le bouleau. Le rythme s’est réduit depuis la crise de 2008-2009, mais aujourd’hui, grâce aux programmes lancés il y a une cinquantaine d’année, des activités économiques autour de la production de bois se développent.
La reforestation en Islande est un bon exemple de politique nationale de reboisement. les projets de la Terre du Futur en France visent à combler l'absence de politique nationale française.
Le futur pour les Islandais : un bilan CO2 favorable
Pour les islandais, la prise de conscience du dérèglement climatique ajoute une motivation supplémentaire : le pays veut être capable de séquestrer plus de CO2 avec ses forêts qu’il n’en émet par ses activités humaines. Il faut dire qu’en Islande, les émissions de CO2 proviennent essentiellement des moteurs thermiques des autos, camions, bateaux et avions. Le pays exploite ses ressources géothermiques pour produire de l’électricité, qu’il exporte même en… produisant de l’aluminium.
Bien que ce pays ne soit pas menacé à court terme par des sécheresses liées au changement climatique, reconstituer des massifs forestiers est un moyen d'atténuer les effets de sécheresse.
Cet article sur la reforestation en Islande a été rédigé par Frédéric Durdux.