La plaine de la Beauce est connue pour ses vastes étendues agricoles, principalement céréalières et oléagineuses. On l’appelle parfois le grenier à blé de la France. C'est donc une région très fertile, au cœur d'une agriculture très intensive.
Mais qu'adviendra t'il de cette région dans le contexte du changement climatique ?
Que deviendra la Beauce avec le changement climatique
Des origines à nos jours
Autrefois, et du temps de la conquête de la Gaule par Jules César, la plaine de la Beauce était encore recouverte par un massif forestier.
C’était la forêt des Carnutes qui s’étendait jusqu’en Armorique.
La plaine de la Beauce s’étale sur 5 départements et deux régions. Elle doit sa capacité agricole à la qualité des sols, à la grande nappe phréatique du sous-sol et… à l’action de déforestation constante des hommes pendant des siècles. Celle ci a dégagé des espaces pour l'agriculture.
Plaine de la Beauce, climat et précipitations
Aujourd'hui, la plaine de Beauce n'est pas une des régions les plus arrosées de France métropolitaine.
La raison tient à sa géographie, exempte de tout relief pouvant favoriser les effets orographiques, mais aussi à l’absence de massifs forestiers sur les trajectoires dominantes des masses d’air. (Exemple sur la représentation météo France ci jointe).
Les tendances climatiques
Les graphiques ci dessous indiquent pour le village de La Loupe, en plaine de Beauce :
- à gauche, l'évolution des températures annuelles moyennes entre 1979 et 2022 : on voit que celles ci ont augmenté de presque 2°C en quarante ans;
- à droite, l'évolution des précipitations annuelles moyennes, avec une tendance de baisse annuelle de 20mm en 40 ans. Les fréquences de pluie mensuelles font apparaitre une forte réduction des précipitations sur la période juillet à septembre, en été. (Non visible sur ce graphique)
On voit donc que les conditions semblent réunies pour que les capacités agricoles de la plaine de la Beauce soient fortement affectées dans les années à venir. On peut aussi imaginer que, à l'extrême, cette région se désertifie. Ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est que ces évolutions induites par le changement climatique vont être de moins en moins linéaires, mais de plus en plus brutales et violentes.
Nous ne pouvons pas rester indifférents au destin de notre agriculture. Ce n'est pas seulement une affaire d'agriculteurs, mais de la société entière, qui peut voir ses ressources alimentaires fortement amputées.
Rappel de fondamentaux du changement climatique
Si la notion de changement climatique est aujourd’hui généralement admise en France, ses conséquences ou encore sa vitesse de propagation sont encore assez peu connues du grand public. Rappelons en quelques grandes lignes.
- Le réchauffement climatique est en marche, quoi que nous fassions. Toute action de prévention que nous mettons en place aujourd’hui ne pourra qu’en atténuer son ampleur pour les décennies à venir.
- Les organisations gouvernementales, quand elles prennent le temps de s’occuper des causes et conséquences du réchauffement, se fixent comme objectif de le limiter à 2°C. C’est considérable et il faut comprendre que cette valeur est une moyenne sur la surface du globe, qui comprend des océans et des continents. Sur les continents le réchauffement sera deux à trois fois plus élevé que sur les océans. Si nous limitons celui-ci à 2° l’augmentation moyenne des températures sur terre, sur les continents ce sera de 4 à 6°C de plus... On a vu plus haut que dans la région de la Plaine de Beauce la température a augmenté de près de 2°C en 40 ans alors que la température moyenne du globe estimée par le GIEC n'a augmentée "que" de 1°C.
- Le réchauffement climatique ce n’est pas seulement une augmentation des températures. C’est une modification majeure du cycle de l’eau, depuis l’évaporation des océans, jusqu’à la formation de nuages, des précipitations, de la constitution de réservoirs d’eau douce comme les glaciers, des nappes phréatiques avant le retour de l’eau vers les mers. En plaine de Beauce, les précipitations ont baissé en 40 ans.
- Le réchauffement va atteindre son paroxysme avec une raréfaction de certaines ressources, énergies, potasse, qui ont permis d’améliorer les rendements agricoles depuis 70 ans et de subvenir aux besoins alimentaires d’une population mondiale en constante augmentation. Le besoin de limiter les produits chimiques va aussi toucher les rendements.
- Il faut aussi comprendre que ces phénomènes associés au changement climatique ne sont pas linéaires, mais plutôt de nature exponentielle. C’est-à-dire qu’ils évoluent lentement pendant une première phase, puis beaucoup plus rapidement après le passage d’un point d’inflexion. Nous n'en sommes actuellement qu'à la première phase. Les études scientifiques situent cette inflexion pour les capacités agricoles de la France sur la décennie 2030-2040. (Cf lien infra)
- En 2019, est publiée une étude qui s’intéresse aux changements des régimes de précipitations dans le monde et leur impact sur l’agriculture. Cette étude a cherché à faire apparaitre ces points d’inflexion (cf lien supra) à partir desquels des changements significatifs dans les potentiels agricoles des régions. Pour la France, ce point d’inflexion est très proche, estimé entre 2030 et 2040.
Pourquoi parler ici des forêts? Simplement parce que celles-ci, entre autres, favorisent les régimes de pluies, notamment par les effets d’évapotranspiration et de pompe biotique. D’autres phénomènes interviennent comme l’augmentation de la rugosité de surfaces, qui génère de turbulence dans les masses d’air, ou les différences de couleurs des sols, qui engendrent des phénomènes d’ascendance des masses d’air.
Dans les régions qui subissent des déforestations massives, on observe souvent une diminution des régimes de pluie et, dans les cas extrêmes, l’apparition de sécheresses. Les simulations climatiques sur les prochaines décennies pour la France ne sont pas réjouissantes en ce qui concerne l’agriculture.
L'influence des forêts sur le climat
La terre du Futur estime que la partie ouest du pays, peu dotée en reliefs et massifs forestier continus, deviendra de plus en plus sèche et de moins en moins cultivable.
La plaine de la Beauce, ne bénéficie pas d'une pluviométrie très abondante. Cette région est une candidate sérieuse à la désertification. On peut bien sûr en imaginer les conséquences sur les capacités de production alimentaire dans notre pays.
La terre du Futur estime que le faible couvert forestier à l’ouest du pays est un facteur aggravant des conséquences du changement climatique pour nos systèmes agricoles.
C’est pourquoi nous préconisons d’intégrer dans les politiques un pays un volet de reboisement massif à l’ouest d’une ligne Bordeaux - Valenciennes. L'objectif est de créer des étendues boisées susceptibles de favoriser l'inflitration des eaux dans les sols et les régimes de pluies. Ce projet est nécessaire pour éviter la désertification de la Plaine de la Beauce entre autres.
La Terre du Futur, dans ses actions de reboisement, intègre ce volet.
La "Plaine de la Beauce, désert en 2050?" a été rédigé par Frédéric Durdux.