Le soleil nous envoie sur terre une énergie surabondante en regard de nos besoins. Convertir une partie de cette énergie en électricité peut apparaitre comme une solution séduisante.
Mais la réalité n'est aujourd’hui pas très enthousiasmante pour cette solution. Elle peut même être un danger écologique dans certains cas.
On voit fleurir ces derniers temps des projets de centrales photovoltaïques en France. Ces centrales consomment des surfaces de terrain considérables, qui peuvent être des terres agricoles ou encore des forêts déboisées. Présentées comme des solutions écologiques de développement durable pour produire de l’électricité, elles sont en fait des menaces pour l’environnement. Ces projets doivent être fermement combattus.
J’explique pourquoi dans les lignes qui suivent.
Les centrales photovoltaïques, qu'est ce que c'est?
Les centrales photovoltaïques sont construites à partir d’ensembles de panneaux solaires mis en réseaux pour produire de l’électricité, à usage local ou bien injectée sur le réseau. La partie active de ces panneaux (ce qui produit du courant) est constituée de cellules de semi-conducteurs, assemblées en série et en parallèle.
Il existe plusieurs technologies de fabrication de ces cellules, qui sont en général fabriquées à base de silicium. Comme cette partie active est fragile, elle est protégée des agressions extérieures par une surface vitrée.
Le principe d’utiliser l’énergie solaire pour la transformer en électricité est très séduisant, mais dans la pratique il se heurte aujourd’hui à deux réalités :
- Les technologies employées par les centrales photovoltaïques ne permettent de transformer que 15 à 20% environ de l’énergie solaire reçue en électricité. L’énergie nécessaire pour fabriquer ces panneaux, qui ont une durée de vie de l’ordre de 25 à 30 ans, représente trois à quatre ans de production des dits panneaux. Bien que la production d’électricité n’émette pas de gaz à effets de serre, le cycle de vie des panneaux lui, est émetteur de gaz à effets de serre. Et encore plus si les panneaux sont fabriqués dans un pays dont l’électricité est elle-même produite avec des énergies fossiles. C'est le cas de la majeure partie des panneaux installés, originaires de Chine. Compte tenu du faible rendement des panneaux, le bilan global n'est pas exemplaire.
- Nos habitudes de consommation ne sont pas alignées avec le soleil : nous consommons de l’énergie tout le temps. Si nous comptions uniquement sur la production solaire, il faudrait installer des capacités de stockage d'énergie électrique couteuses, complexes et dont la fabrication serait fortement émettrice de CO2.
On le voit les centrales photovoltaïques ne sont pas une solution idéale pour produire de l’électricité en masse. Elles exigent par ailleurs de grandes surfaces de terrain pour être installées. Elles peuvent venir en concurrence avec le monde agricole, ou plus simplement dévorer des espaces naturels.
Pourquoi l'énergie solaire n'est pas toujours une bonne solution
D’un point de vue émission de gaz à effets de serre, l’énergie photovoltaïque n’est à ce jour pas la solution idéale. Sur le tableau ci-dessous, publié par l’ADEME et le GIEC, sont indiquées les quantités de gaz à effet de serre par unité de quantité d’électricité produite en fonction de la méthode de production. On peut y voir les quantités de CO2 émises par chaque source d’énergie, sur le cycle de vie complet de la source (fabrication, production, démantèlement).
On constate que les émissions des centrales photovoltaïques ne sont pas les plus basses. Elles sont près de quatre fois plus élevées que pour l’énergie nucléaire ou l’éolien ou deux fois plus élevées que pour l’hydraulique de type retenue, celui majoritairement utilisé en France.
En 2022, le GIEC a revu le facteur d'émission de la production d'électricité nucléaire à la baisse, à 5 kg de CO2 par MWh produit.
En France l’électricité est très majoritairement produite par ces trois sources, ce qui fait de notre pays un des plus vertueux en matière d’émission de Gaz à effet de serre dans sa production d’électricité.
Les fermes solaires présentent aussi un faible albedo, ajouté au faible rendement de conversion de l'énergie lumineuse en énergie électrique. Cette caractéristique a pour effet d'augmenter la température de l'air de quelques degrés à proximité de la surface des panneaux. A grande échelle, cet effet n'est pas favorable pour le climat local, surtout par périodes de fortes chaleur.
Les panneaux solaires dévorent les espaces de boisement
On le voit la production d’électricité à base de centrales photovoltaïques n’est pas la meilleure solution pour réduire les gaz à effet de serre, du moins en France. Compte tenu de l’intermittence de sa production, ce ne peut être de toutes façons qu’une source d’appoint. Mais il y a plus grave : cette source d’énergie requiert des surfaces considérables, qui pourraient être utilisées à d’autres fins bien plus utiles, comme des projets de reboisement.
Une centrale photovoltaïque produit environ 3000 MWh par an et par hectare dans une commune du sud de la France, bénéficiant d’un bon niveau d’ensoleillement (source dossier d’étude de la centrale des carrières de Cournonsec). Ce qui veut dire qu’elle émettra, compte tenu des caractéristiques liées au cycle de vie du produit près de 165 tonnes de CO2 par an et par hectare de cellules installées.
A titre de comparaison, une centrale nucléaire émet 8 fois moins de CO2 par KWh produit. Elle va pouvoir générer par hectare de terrain utilisé près de 80 fois plus de puissance électrique qu’une centrale photovoltaïque.
On le voit les centrales photovoltaïques utilisent très mal l’espace. On sait aussi qu’une forêt permet d’absorber sous nos latitudes entre 6 et 16 tonnes de CO2 par an. Donc en installant une centrale photovoltaïque sur un espace qui pourrait faire l’objet de reboisement on génère un déficit d’absorption CO2 de 25 tonnes par an et par hectare environ. Ce n’est pas très glorieux.
Lorsque qu'une centrale solaire est installée sur un espace forestier déboisé, la nature perd :
- en biodiversité;
- en capacité d'aborption de l'eau par les sols;
- en régulation du climat (températures, évapotranspiration);
Nous avons résumé sur cette page l'impact écologique d'une centrale solaire.
La communication trompeuse des projets de centrales photovoltaïques
Les données présentées dans les dossiers de projets de centrales photovoltaïques sont parfois incompréhensibles.
Par exemple le dossier du projet de la centrale de Martignas sur Jalle, (dossier téléchargeable ci dessous) en Gironde, fait apparaitre une économie de 717 tonnes de CO2 par an… Rien n’est précisé sur l’élaboration de cette information… Alors que, comme on l’a vu plus haut, la production photovoltaïque dégrade le bilan CO2 de la France.
Notre estimation du bilan de cette centrale est le suivant, par rapport à une production nucléaire - éolienne, qui est la situation actuelle en France :
- Production annuelle prévue par la centrale : 9690 MWh par an ;
- Différentiel d’émission de CO2 avec la production actuelle : 36kg de CO2 par MWh
- Bilan annuel défavorable de la centrale photovoltaïque : 349 tonnes. Les centrales photovoltaïques dégradent à Martignas le bilan d’émission de la France de 348 tonnes par an. Si on prend la perte de surface disponible pour du reboisement, près de 4 hectares, on peut ajouter une quarantaine de tonnes à ce bilan défavorable.
On comprend que pour « vendre » leur projet, les promoteurs ne veulent pas faire apparaitre un tel bilan. Mais on peut considérer que l’information dispensée dans le prospectus est trompeuse car très incomplète.
Nous avons aussi donné notre avis sur le projet de centrale photovoltaïque de Saint Trinit dans le Vaucluse.
Mais il y a bien pire que ces projets, somme toute de tailles plutôt modestes.
Centrale photovoltaïque HORIZEO d’ENGIE en GIRONDE : un monstre
Ce projet à Saucats en Gironde est une illustration parfaite des absurdités auxquelles conduisent les centrales photovoltaïques.
ENGIE propose d’abattre 1000 hectares de forêts à Saucats en Gironde pour y implanter une de ses centrales photovoltaïques…
Dans ce schéma, on change d’échelle par rapport au cas présenté plus haut, mais les conclusions resteront les mêmes. Bien que la notice détaillée de ce projet ne soit pas encore disponible à début 2021 on peut estimer, compte tenu de la taille du parc :
- Une production annuelle globale d’environ 2,5 TWh ;
- Une émission de GES annuelle de 112500 tonnes annuelles de CO2, soit une dégradation de 75000 tonnes annuelles par rapport à la performance du parc actuel installé
- La perte d’une capacité de stockage de CO2 de l’ordre de 10000 tonnes par an.
- La destruction d’espaces naturels et de biodiversité sur toute cette surface.
Il est affligeant que ce projet soit présenté comme une solution bas carbone de production d’énergie alors qu’il détruit nos capacités d’absorption de CO2 et dégrade le bilan CO2 de la production d'électricité en France. Les arguments avancés dans la plaquette préliminaire sont du pur ripolinage vert, également appelé « greenwashing » dans d’autres langues.
Il est donc d’une nécessité absolue de faire barrage à ce projet.
Les panneaux solaires peuvent ils être utiles?
Il est vrai qu’avec les éléments apportés ici, on ne voit pas bien l’avantage des centrales photovoltaïques dans notre pays.
De plus d’autres éléments à risques, comme l’impact de la dégradation de l’albedo de la surface terrestre seraient à étudier de près.
Sur ce sujet on peut se reporter aux conseils de l’ADEME, qui recommande de limiter le développement des centrales photovoltaïques :
- aux surfaces bâties existantes ;
- aux zones anthropisées telles que l’ombrage des parkings ;
- aux zones des friches industrielles polluées.
Toutefois, sur ces dernières, le reboisement peut aussi dans certains cas être une solution pour réoccuper les sols.
L’énergie solaire qui nous parvient sur terre est abondante et l’utiliser pour produire de l’électricité est très séduisante. Toutefois les technologies actuellement disponibles, d’un rendement très médiocre, sont très peu matures et peuvent provoquer des dommages à l’environnement. Les surfaces gigantesques qu'elles peuvent occuper contribuent à la déforestation de la planète, ce qui est un comble pour des solutions présentées comme écologiques.
Les autres solutions de production d'électricité bas carbone actuellement disponibles (nucléaire par exemple) sont à ce jour moins dommageables pour l’environnement. Les centrales photovoltaïques ne peuvent pas être considérées à grande échelle comme une énergie de demain.
Nos sociétés sont avides d'énergie et le monde économique cherche par tous les moyens à pousser des solutions soi-disants écologiques pour répondre à la nécessaire transition énergétique. Masi il faut bien analyser les projets, notamment ceux qui proposent de détruire de vastes surfaces naturelles ou forestière pour une production somme tout limitée.
Documentation diponible
Informations sur les projets présentés
Projet d’implantation d’une centrale photovoltaïque au sol à
Martignas-sur-Jalle
Etude d’impact
Avant projet de centrale photovoltaïque de Saucats
Rédaction
Cet article sur les centrales solaires a été rédigé par Frédéric Durdux