Début juin 2023, 2 ans après la mini-concertation sur une éventuelle évolution du centre-ville de Sèvres, le Maire, Grégoire de la Roncière, avance une nouvelle esquisse. Celle-ci est présentée dans le sévrien du mois de juin, puis lors d’une réunion publique le 15 juin au SEL. Pour cette édition, on ne peut pas dire que le projet manque de corps. Des options tranchées marquent une rupture avec les timides propositions de 2021. Le projet est assorti d’un calendrier et associé avec un budget économique. Il y a donc de la matière pour discuter, mais ce projet répond il aux enjeux du 21ème siècle ?
Globalement ce projet permettrait d’aérer le centre ville de Sèvres. L’ambiance serait donc différente, les images de synthèse présentées font apparaitre un peu plus de végétal.
Par contre le centre ville se dilue quelque peu, avec l’axe commerçant rue Pierre Midrin - marché - Grande rue qui perdrait son centre de gravité.
Si les images montrent un peu plus de végétal, le document reste très pudique sur le nombre d’arbres en pleine terre qu’il serait possible de planter.
Pour résumer les grands axes du projet centre ville sèvres on peut mettre en avant :
Le coût global du projet Coeur de ville de Sèvres annoncé par le Maire s’élève à près de 44 millions d’euros dont :
C’est un budget très lourd. Celui-ci consommerait la quasi-totalité de la réserve financière de la ville constituée lors de la vente de la SEMI-Sèvres en 2017.
Il faut aussi anticiper les dérapages éventuels liés à des mauvaises appréciations des travaux à réaliser. La ville de Sèvres est régulièrement confrontée à de tels surcoûts . Les derniers concernent par exemple le restaurant du Sel, dont le coût global a été quasiment multiplié par deux par rapport aux estimations. Pour la reconstruction des locaux de la SUM (Sèvres Unité Musique) les coûts explosent aussi.
Lorsque l’on dérape de 50 % sur un projet de deux millions, cela représente million d’Euros, que la ville pouvait facilement absorber en puisant dans sa réserve, sans que les choses soient trop douloureuses pour le contribuable. Un dérapage de seulement 30% sur la part de la ville (ce qui est loin d’être irréaliste) sur ce projet de centre ville représenterait 8 millions d’euros. Ce qui devrait être financé par endettement ou une belle augmentation des impôts locaux ou encore les deux…
Ce projet mettrait donc en tension les finances de la ville, et serait réalisé au détriment d’autres besoins, pour les équipements sportifs, les écoles… Par ailleurs il faut se poser la question de savoir s’il contribue réellement à rendre la ville plus habitable dans un contexte de changement climatique fort.
Les modalités du projet et les résultats de la concertation seront débattus lors des conseils municipal de Sèvres et communautaire de GPSO en juin et octobre 2023. Une quarantaine de personnes seront consultées pour recueillir leurs avis. Une nouvelle réunion publique se tiendra au SEL en septembre 2023. D'ici là les sévriens sont invités à porter leurs avis sur le registre de la concertation en mairie.
Cette nouvelle version du projet de centre ville est certes plus aboutie, mais le coût budgété doit faire réfléchir, notamment eu égard aux bénéfices apportés par les transformations proposées.
Le centre ville de Sèvres apparait un peu plus aéré. Mais il se dilue. La transformation proposée n'apporte pas de nouveaux services. La Grande rue sera rénovée mais pas piétonnière.
Surtout on ne peut pas dire que ce projet, structurant pour le centre ville, permet de préparer notre ville aux enjeux du 21ème siècle, et notamment celui posé par le réchauffement climatique.
Le projet n'apporte pas de réponse très précise sur les arbres qu'il sera possible de planter en pleine terre, un des facteurs déterminants pour adapter le centres villes au changement climatique. Les travaux mobiliseraient des capitaux qui pourraient être utilisés pour adapter les écoles, les équipements sportifs ou sociaux au changement climatique.
Il serait plus raisonnable de réduire le format de la transformation pour en limiter le coût. L'agrandissement du square ODIC grâce à la démolition de l'annexe de la poste, la réduction de l'emprise de l'accès au parking sont des éléments intéressants. Déplacer le marché vers l'emplacement de la station essence n'apparait pas essentiel. Le format du marché, qui n'occupe pas toute l'emprise actuelle pourrait être réduit pour et dégager de l'espace tout en le modernisant. Il serait intéressant de connaitre le coût de la démolition de la passerelle : ne pourrait elle pas être simplement destinée à un autre usage de circulation, cycliste et piéton?
Le coût de se projet apparait disproportionné (même sans prendre en compte les risques de dérapage) par rapport à son utilité de long terme dans le cadre des enjeux à venir.
Début juillet 2021, le maire de Sèvres, Grégoire de la Roncière, lance une mini concertation pour le projet de centre-ville de Sèvres, aussi appelé cœur de ville. J’attribue le qualitatif « mini » à cette concertation, car elle ne porte que sur des éléments accessoires de cet aménagement. L’essentiel du projet, comme la démolition du marché Saint Romain actuel, le rachat du rez-de-chaussée du Centre administratif ou encore la reconstruction du passage entre la place centrale et la place du 11 novembre sont déjà actés.
Comme pour la future construction d’un immeuble à l‘emplacement de la station-service à coté de l'église, la concertation du projet centre ville de Sèvres ne porte que sur des éléments de l’ordre du cosmétique.
Il faut aussi ajouter que cette concertation, ouverte jusqu'au 15 septembre 2021, est lancée à un moment où bon nombre de sèvriens vont partir en vacances. La période n'est pas propice à la réflexion sur la ville et à l'échange entre les citoyens...
Si le projet de centre-ville de Sèvres présenté ne bouleverse pas la configuration de la commune, il est lancé dans cette première partie du 21ème siècle qui voit de grands bouleversements sur la planète : environnementaux, climatiques, raréfaction des ressources… Le réchauffement qui est devant nous sera violent. On voit ce qu'il se passe dans différents endroits de la planète début juillet (Canada, Sibérie, Afrique du Nord...). Ces conditions seront de plus en plus souvent les notres ces prochaines années.
Lorsque l’on travaille à l’évolution d’un espace urbain qui accompagnera la vie de plusieurs générations, on ne peut pas passer à coté d’une réflexion sur ces évolutions et comment la ville doit muter pour accompagner ces changements. Cette dimension apparait absente dans la réflexion et les documents qui nous sont proposés dans la concertation du projet de centre ville.
Par ailleurs il faut se demander si les coûts de ce projet (cf infra) ne seraient pas mieux alloués à des dépenses d'amélioration des bâtiment publics de la ville (réduction des consommations énergétiques, isolation...) et à l'identification des riques pour la population et les biens dans le contexte du 21ème siècle : effets de températures excessives, impact de sécheresses sévères sur la stabilité des terrains, du bâti et des réseaux, ruptures de l'accès à l'eau, ruptures d'accès à l'énergie...
Le projet de centre ville Sèvres qui nous est présenté n’est pas un bouleversement, il réalloue simplement quelques espaces en déplaçant le marché Saint Romain vers le centre administratif. Cette réallocation a peu de chance de rendre le centre-ville plus dynamique ou attractif car elle ne propose pas de nouveaux services ou usages. Les documents présentés restent flous sur ce qui pourrait remplacer la halle actuelle du marché. Mais on ne parle pas d’espace ou commerce par exemple pour faire réparer, entretenir ou acheter un vélo, qui devient pourtant un mode de transport prépondérant… Pas de projet de recyclerie…
L'évolution prévue peut éventuellement rendre ce cœur de ville un peu plus agréable, mais il ne révolutionne rien.
La véritable évolution du centre ville viendra de la requalification de l'avenue qui traverse la ville, pourvu que le projet initial soit revu dans un esprit résolument orienté 21ème siècle... (Projet RD910).
Il est indiqué dans le document de présentation que coût pour ce projet de centre-ville de Sèvres s'élèverait à 32 Millions d'euros. La ville est peu endettée du fait du peu d’investissements réalisés ces dernières années et d'une fiscalité élevée. Elle dispose aussi d’une trésorerie conséquente (équivalente au coût du projet) résultant de la cession de ses parts dans la SEMI Sèvres. L’aisance financière de la ville ne devrait cependant pas occulter un débat sur l'emploi de cette somme, seule concertation qui vaudrait.
Une véritable concertation consisterait à impliquer les sévriens sur l'emploi de cette abondante trésorerie pour adapter la ville aux enjeux des bouleversements climatiques et sociétaux du 21ème siècle.
Pour résumer le mérite de ce projet serait de dégager un peu d’espace public sur les emprises du marché actuel et de la rampe du parking Saint Romain. Pour rendre les conditions de vie dans les centres villes moins insupportables dans un contexte de réchauffement climatique violent, l’urbanisme doit dégager des espaces ombragés et réduire les surfaces non végétales.
Ce serait le bienfait le plus significatif à attendre de cette évolution. Compte tenu des surfaces libérées ce n’est pas une révolution, mais pourrait constituer dans ce cas une amélioration pour le voisinage immédiat.
Mais le véritable message serait de demander un vrai débat sur les évolutions nécesaires pour atténuer les effets du changement climatique et l'emploi de la forte trésorerie de la ville.
Article concertation projet centre ville Sèvres rédigé par Frédéric Durdux, conseiller municipal de Sèvres, 2008-2018.