Comment vont les forêts françaises en 2023?

Chaque année l’IGN publie une mise à jour de l’Inventaire Forestier National, résumé dans le "Mémento", et qui dresse un état des lieux des forêts françaises. L’inventaire s’intéresse aussi bien à la métropole qu’aux territoires d’outre-mer. Dans ce qui suit, nous focalisons sur le territoire métropolitain.

Pour réaliser cet inventaire, l’IGN combine à la fois des données d’observation aérienne et satellitaire aux observations recueillies par des techniciens de terrain.

Par rapport à l’état de la forêt 2022, on note simplement une continuité des tendances, qu’elles soient bonnes ou moins bonnes. Globalement la forêt continue de progresser, ainsi que le volume de bois sur pied, mais l’état de santé de la forêt en France continue de se détériorer, sous la poussée des bio agresseurs et du changement climatique.

Et la répartition de la forêt sur le territoire reste très inégale.

La forêt française progresse toujours. C’est une tendance de long terme.

En 1908 les forêts françaises recouvraient 19% du territoire métropolitain, elles en occupent aujourd’hui près de 31%, avec 17,3 millions d’hectares. Jusque 1950 l’accroissement moyen annuel était de 60000 hectares, il est depuis de l’ordre de 80000 hectares annuels.

Il faut noter que le taux d’accroissement est plus élevé dans l’ouest que dans l’est. 

Le carbone stocké par les forêts françaises est aussi en augmentation avec un taux de 81 tonnes par hectare, contre 58 en 1981.  Cependant le flux de CO2 extrait de l'atmosphère est en diminution à 40 millions de tonnes annuellement. Ce flux annuel s'établissait en moyenne à 63 millions de tonnes sur la période 2005-2013.

Les forêts françaises sont plutôt implantées à l’est du territoire, et dans les massifs montagneux : Vosges, Jura, massifs des Préalpes Vercors, Chartreuse, Bauges, massifs alpins, Pyrénées, Massif Central. Les massifs forestiers de Landes et de Sologne sont des exceptions à cette situation.

Pour la Terre du Futur, l’absence de massifs forestiers dans l’ouest du pays qui pourraient assurer une continuité de biodiversité de l’océan vers l’intérieur du continent. Cette configuration nous met dans une position défavorable pour affronter la violence du changement climatique qui avance vers nous à grande vitesse. Ce manque de forêts dans l'ouest du pays contribue à désagréger le cycle de l'eau. 

C’est pourquoi nous préconisons des reboisements massifs, notamment dans l’ouest du pays.

On trouve cette même déséquilibre dans la répartition spatiale sur la propriété et la gestion des forêts : à l’ouest les forêts sont plutôt privées, tandis qu’à l’est, on retrouve les forêts publiques. 

La composition des forêts reste variée, mais on constate qu’une part importante des espaces forestiers est constitué d’espèces monospécifiques bi espèces.

Cette caractéristique n’est pas très favorable pour protéger les forêts des maladies ou attaques de parasites. Les peuplements sont constitués à 67% de feuillus, 20% de conifères et 13 % des peuplements sont mixtes.

Les espèces les plus représentées sont pour les feuillus les diverses catégories de chênes, les hêtres, puis les châtaigniers et le charme. Pour les résineux, les plus grands volumes de bois sur pied sont constitués par les sapins pectinés, les épicéas, les pins communs, douglas et les pins maritimes.

Comme dans le dernier mémento de 2022, l’IGN nous alerte sur la dégradation de l’état des forêts françaises. Il n’y a pas un mal généralisé mais des dégradations dues aux attaques de parasites ou bien à l’effet des canicules et sécheresses plus intenses et fréquentes.  

Les peuplements le plus touchés sont les épicéas, attaqués par les scolytes (une famille d’insectes), les frênes, fragilisés par la chalarose (maladie véhiculée par un champignon parasite), ou les châtaigniers décimés par la maladie de l’encre, également apportée par un champignon parasite. Ces maladies sont souvent amplifiées et facilitées par les évolutions climatiques. Elles peuvent décimer des peuplements entiers et conduire les forestiers à des abattages préventifs (cf. schéma ci-dessus).

L’IGN considère qu’un peuplement commence à dépérir lorsque 20% des arbres présentent une proportion de 50% ou plus des branchages de la partie haute du houpier morte.  Les surfaces ainsi mesurées sur le territoire métropolitain s’élèvent à 670000 hectares environ. Cette surface avoisine celle des forêts détruites par des incendies depuis 35 ans.

Le taux de mortalité des arbres atteint 0.5% du volume de bois sur pied. Ce taux de mortalité est en augmentation de 80% par rapport à la période 2005-2013. Les taux de mortalité les plus élevés se concentrent sur les peuplements d’épicéas, de châtaigniers et de frênes.

Le mémento 2023 de l'Inventaire Forestier National est bien entendu bien plus détaillé et riche que ces quelques lignes.

Il peut être librement téléchargé au format pdf sur le site de l'IGN en cliquant sur le lien ce dessous.