Un captage encore favorable, mais en régresssion
Evaluer les flux de gaz à effet de serre émis (captage CO2) ou absorbés par les forêts revêt une importance toute particulière pour estimer les dynamiques du réchauffement climatique.
Jusqu’ici, le GIEC, dans ses travaux, estimait ces effets par déduction après comptage des autres flux anthropologiques.
Des études récentes cherchent à estimer les flux liés aux forêts. Elles analysent de façon précise les émissions et absorptions de façon analytique à partir d’un maillage extrêmement fin (maille de 30 mètres) de toutes les forêts autour du globe. C’est notamment le cas de l’étude « Global maps of twenty-first century forest carbon fluxes», publiée en janvier 2021 dans la revue Nature Climate Change.
Une étude qui fait le bilan des flux de CO2 des forêts
L’étude est publiée dans la revue Nature Climate Change le 21 janvier 2021.
L’intérêt de cette étude est la quantification des flux positifs (les forêts qui émettent des gaz à effets de serre), les flux négatifs (captage CO2), par pays, par zone géographique et pour chaque type de forêt :
- Boréale;
- Des zones tempérées;
- Sub-tropicales;
- Tropicales.
Avec les résultats de cette étude, on comprend bien l’importance de la forêt et des programmes de reforestation.
Le reboisement en France ne fait pas l'objet de politiques publiques très volontaristes. C'est pourquoi La Terre du Futur développe un projet associatif pour mener à bien des projets de reboisement en France.
Les forêts sont encore des puits de carbone
La première conclusion de l’étude est encourageante, puisqu’elle conclut que globalement dans le monde, les forêts sont encore en mesure d’assurer un captage de CO2 positif. C’est à dire de qu'elles soustraient du CO2 de l’atmosphère pour le transformer en bois.
Ceci malgré les effets de la déforestation et de gigantesques incendies que l’on voit se développer depuis quelques années. C'est le cas dans les forêts en Californie, en Russie ou en Australie.
Globalement les forêts seraient capables d’absorber 16 Gigatonnes de CO2 par an, pendant que dans le même temps elles en émettraient 8.1 gigatonnes. Le bilan global serait favorable de presque 8 gigatonnes par an.
De façon surprenante, la plus grande partie de ce bilan favorable serait dû aux forêt des zones tempérées, et ce pour moitié. Les forêts tropicales et subtropicales ne comptent que pour 30% du bilan global, alors qu’elles représentent plus de la moitié des surfaces boisées de la planète.
Les forêts françaises contributrices du captage CO2
L’étude fait apparaitre le bilan des émissions et captage CO2 des forêts de quelques pays dont la France. La France contribuerait ainsi favorablement au bilan de captage CO2 des forêts à hauteur de 100 millions de tonnes par an.
Plusieurs pays, notamment en Asie, comme le Laos, le Cambodge, la Malaisie ou l’Indonésie ont des bilans de CO2 forêts défavorables du fait de leurs politiques de déforestation. Le Brésil présente en 2019 un bilan de captage CO2 encore favorable, à hauteur de 200 millions de tonnes par an, soit deux fois plus que la France. C'est une piètre performance compte tenu de l’étendue de ses forêts… Les politiques de déforestation y font des ravages. Notons que l'étude date de 2019. Aujourd'hui le bilan semble encore moins favorable pour le Brésil.
Les forêts, levier contre le changement climatique
L’étude nous rappelle quelques éléments de base sur l’émission et le captage du CO2.
Emissions totales annuelles 42 gigatonnes, dont :
- Résultant des pertes de forêts : 10 gigatonnes.
- Absorbées par les océans : 8,7 gigatonnes.
- Absorbées par l’atmosphère (en gaz à effet de serre) : 16.9 gigatonnes ;
- Absorbées par les forêts : 15.6 gigatonnes.
On visualise bien l’importance de mener des politique pour la sauvegarde des forêts afin de stopper les déforestations responsables d’un quart des émissions de CO2. Elles permettraient de reconstituer le potentiel de captage CO2 que constituent les forêts.
Il faut aussi bien garder à l’esprit que le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Les gaz issus de l’élevage, comme le méthane, constituent eux aussi une composante significative des gaz à effet de serre (GES).
Au delà de seffets de captage de CO2, les forêts, lorsqu'elles sont contituées en massifs forestiers présentent un autre avantage pour atténuer les effets du changement climatique. Elles favorisent les précipitations et limitent ainsi les effets de sécheresse.
Références
Cette étude relative au captage CO2 des forêts a été conduite par :
- Nancy L. Harris
- David A. Gibbs,
- Alessandro Baccini,
- Richard A. Birdsey,
- Sytze de Bruin,
- Mary Farina,
- Lola Fatoyinbo,
- Matthew C. Hansen,
- Martin Herold,
- Richard A. Houghton,
- Peter V. Potapov,
- Daniela Requena Suarez,
- Rosa M. Roman-Cuesta,
- Sassan S. Saatchi,
- Christy M. Slay,
- Svetlana A. Turubanova,
- Alexandra Tyukavina.
L'étude complète est disponible sur le site de la revue Nature.
L'article captage CO2 par les forêts a été rédigé par Frédéric Durdux.